Leo Bioret / Hors Séries, / ANISSA ALLAM VAQUEZ / FLORENT BELDA / AMANDINE PORTELLI / MLADEN STRBAC / ÉMILIE THIBAUDEAU
HORS SÉRIES
Texte d'exposition, 22 septembre - 26 novembre 2016, ANGERS
La temporalité unit tout état de série.
Mesurer l’enjeu de la série comme une action évolutive, puis en sortir pour élaborer un processus créatif, c’est ce qui réunit Florent Belda, Amandine Portelli, Mladen Strbac, Emilie Thibaudeau et Anissa Allam Vaquez autour du projet hors séries. Cinq artistes, chercheurs nostalgiques, qui s’approprient ce phénomène, contemporain des pratiques artistiques actuelles. Voici leur expérience, traversant l’ accumulation, le résidu tenace, l’empreinte mécanique, l’attente du multiple et l’interminable suite. Initiée par la peinture puis la photographie, la série reste ici très picturale et vagabonde autour de l’image et du son comme irréductible mouvance. Elle est ensuite appuyée par les techniques de reproduction, l’oeuvre s’est alors propagée. Les multiples se succèdent et chaque oeuvre s’insère dans une démarche cyclique. Les artistes déploient de nouvelles éventualités quant au statut de l’oeuvre, soudain isolée de son ensemble. Ils gravitent autour d’un essentiel commun et d’une démonstration artistique partagée, la quête d’identité. Plasticiens et plasticiennes reviennent dans le passé, se plongent dans leurs souvenirs qu’ils veulent encore plus vivaces à travers leur art. Ils observent attentivement et sont fascinés par les possibilités infinies, l’irréversible des décisions, l’impossibilité d’une totalité, le fétichisme des collections, les situations universelles ou encore les fictions du quotidien. Cette exposition dévoile une intimité certaine où les protagonistes situent leur inspiration profonde. Ils reviennent au fondamental, à l’original, la copie première où se terre l’efficacité de leurs actions. Ils se fédèrent pour composer un sérialisme assuré et convergent vers un motif temporel : la variation. hors séries se ressent dans une impression persistante, un rythme, un souffle, une distance. Le groupe anticipe et fait apparaître chaque pratique par complémentarité. Sortir de la série convenue, n’a rien d’indifférent, c’est même plutôt une réaction naturelle dans cette exposition d’amitié. Les séries interviennent par d’autres subterfuges, elles créent des noeuds, des liens, des pauses ; des repères très particuliers apparaissent. Ils sont nécessaires à ce projet pour mettre en exergue les détails de chacun, dans un mouvement qui se nourrit d’une schizophrénie permanente composant l’unité entre les cinq artistes. Observons l’expansion sérielle et son cheminement. hors série est un espace fabriqué, où les enjeux artistiques sont emprunt de fascinations, de constructions, de déclinaisons et de persistances qui ouvrent de nouvelles perspectives aux oeuvres réunies. A l’horizontal, tel un enchainement périodique sur les murs de la Galerie 5, animation, sérigraphies, dessins, lithographies, gravures et peintures se succèdent et se précèdent pour créer un phénomène de longue multiplicité, décliné par formes polymorphes, instants progressifs et déplacements incessants.
Léo Bioret
crédits: Anissa Allam Vaquez, Émilie Thibaudeau, 2016